Une bien triste nouvelle
Samedi 23 juillet 2011, Mel Culbertson est décédé brutalement.
A 65 ans, en juin dernier Mel Culbertson venait de prendre sa retraite du poste de professeur au CNSMD de Lyon qu’il occupait depuis 1988.
C’est une grande perte pour les tubistes et le milieu musical international.
Une pensée pour cet homme discret qui s’exprimait merveilleusement avec son instrument de prédilection et qui a transmis à de nombreux élèves sa passion exigeante.
Une cérémonie religieuse à sa mémoire s’est déroulée le vendredi 29 juillet 2011, à 11 heures, en l’église de Bouliac. Un moment musical est prévu lors de la cérémonie.
voir sa biographie : http://www.meltuba.com/
Reconnu comme un des plus grands tubistes à l’échelle internationale, Mel Culbertson, en qui Herbert von Karajan voyait « un maître absolu jouant du tuba à la manière d’un grand flûtiste », est mort à l’âge de 65 ans, samedi 23 juillet à Bordeaux, emporté par un cancer foudroyant. Américain d’origine cherokee, né en Virginie le 9 avril 1946, le « maestro », ainsi que l’appelaient ses élèves, enseignait au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon (CNSM) depuis 1987, après avoir été supersoliste au Residentie Orkest de La Haye, au philarmonique de Radio France puis à l’Orchestre national de Bordeaux. Musicien classique, il était aussi un passionné de jazz, se produisant en France avec Michel Portal, le pianiste Andy Emler ou encore le Pandemonium Jazz Ensemble.
Ce Français d’adoption, devenu, par sa personnalité hors du commun, une véritable légende dans le monde des cuivres, dispensait depuis une trentaine d’années des master class dans le monde entier, qui étaient autant de leçons d’humanité. Il revient surtout à Mel Culbertson d’avoir révolutionné le jeu du tuba en redonnant toutes ses lettres de noblesses à un instrument qu’il servait, selon la formule du compositeur Renée Koering, avec « une virtuosité démoniaque » doublée d’un son d’une beauté et d’une puissance stupéfiantes.
D’un tempérament redoutable, ne reculant devant aucun défi, Mel Culbertson multipliait ainsi les récitals pour tuba seul, le plus souvent accompagné au piano par sa femme Susan, interprétant des pièces transcrites de Paganini, Bach, Bartok, Brahms, Rachmaninov ou Tchaïkovski. Sans compter les oeuvres spécialement écrites pour lui par une cinquantaine de compositeurs, dont Betsy Jolas, Renaud Gagneux (un concerto pour tuba et orchestre) ou François Jeanneau (« Tubalogie »).
A 22 ans, Mel Culbertson fut d’ailleurs le deuxième tubiste, après son maître Roger Bobo – qui déplore aujourd’hui « la disparition d’un géant » – à jouer en tuba solo sur la prestigieuse scène du Carnegie Hall, après des études à la Julliard School de New York et à l’université de Virginie.
Pédagogue hors pair, auteur d’une méthode d’enseignement bientôt publiée à titre posthume par son fils David, toujours entouré d’une cohorte d’élèves sur lesquels il exerçait un extraordinaire pouvoir de fascination, Mel Culbertson créa, en 1980, les premiers concours internationaux de tuba. A la même époque, il commença à concevoir une nouvelle génération d’instruments, fabriqués en partenariat avec la firme allemande B & S, dont les plus célèbres sont le Culbertson-Apollo (commercialisé en 1992) et le Culbertson-Neptune (1994).
C’est l’ensemble du monde de la musique, en particulier le monde des cuivres, qui se trouve endeuillé par cette sortie de scène aussi brutale qu’inattendue, qui aura suivi de très près sa mise à la retraite forcée du CNSM de Lyon pour avoir atteint, en avril, l’âge fatidique de 65 ans.
Arnaud Boukhitine et Alexandra Lavastine
Article paru dans Le Monde, édition du 29 juillet 2011